Différentes saisons

Peu de temps après les gens ont commencé à s’éclipser. Il n’était pas tard, pas encore minuit, mais j’ai remarqué qu’à partir de la soixantaine, il se fait tard de plus en plus tôt.

AUTEUR : Stephen KING

GENRE : Fantastique / Horreur /Classique

4^eme DE COUVERTURE :

On ne lit pas un roman de Stephen King, on le dévore. Avec Différentes saisons, notre plaisir est quadruplé, car King nous offre cette fois quatre histoires qui sont en fait des romans à part entière.

Un innocent condamné à perpétuité cherche à s’évader ; un jeune garçon démasque un ancien nazi dans une petite ville de Californie; des gamins partent à la recherche d’un cadavre ; un médecin raconte l’histoire d’une jeune femme célibataire et enceinte dans les années 30…

Rien de commun, en apparence, entre ces quatre thèmes. Mais derrière ces héros d’âges et de milieux très différents, c’est la société américaine que dissèque Stephen King, avec le souci du détail et du mot juste, le sens de l’observation, du suspense et de l’humour noir qui le caractérisent. L’Amérique ne sort pas indemne de cette vivisection. Nous non plus…

POURQUOI CE LIVRE ?

Ce livre fait partie de mon challenge King. Je ne l’avais jamais lu, même si je connais ,pour certaines nouvelles, l’histoire via les adaptations qui ont été faites. J’ignorais cependant que ces films étaient des adaptations de nouvelles de King.

MON AVIS

Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank: La novella est racontée à la première personne par Red, un prisonnier bien vu, puisqu’il peut tout obtenir. Il raconte l’histoire d’Andy, un jeune banquier accusé du meurtre de sa femme et de son amant. Ce récit est une belle histoire d’amitié qui naît entre les deux personnages Red et Andy. Il raconte bien les conditions de vie dans les prisons. Andy s’accroche à l’espoir et c’est à ça qu’il doit sa survie. Il est un innocent qui a été piégé. Stephen King n’hésite pas à mettre en avant la fragilité des personnages notamment via le viol et le passage à tabac d’Andy. Cependant, derrière cette fragilité, il cache une grande force intérieure. Andy met tout en œuvre pour atteindre son but, sa liberté. Le sentiment d’infériorité des prisonniers vis à vis des gardiens est bien décrit. Cette novella met la lumière sur le problème de la réadaptation des personnages avec des longues peines dans la vie extérieure. Derrière cette belle histoire, Stephen King critique la machine carcérale qui broie les prisonniers qu’ils soient coupables ou non , ne leur laissant aucune chance de rédemption. J’ai beaucoup aimé cette novella comme j’avais beaucoup aimé l’adaptation qui en a été faite. D’ailleurs, bien que Red soit un blanc aux cheveux roux c’est Morgan Freeman que j’imagine quand je lis ce texte.

Un élève doué: Todd, élève doué de 13 ans reconnaît par hasard dans le bus un ancien criminel nazi Kurt Dussander. Il commence à le suivre puis se présente chez lui pour lui dire qu’il sait qui il est. Todd lui propose un marché : il garde cela pour lui mais en échange Dussander doit lui raconter ses expériences en tant que responsable d’un camp de concentration, il veut connaître tous les détails “juteux” pour reprendre les termes de King. Todd devient de plus en plus fasciné par cette période et ce que Dussander lui apprend. Les deux personnages vont nouer une étrange relation de dépendance. Celle-ci n’est pas sans conséquence, obsédé par ces histoires Todd voit ses notes chutées et développe des pulsions de plus en plus violentes. Chez Dussander, parlé de ces souvenirs qu’il avait préféré refoulé, réveille chez lui son goût pour la violence. Comme pour la nouvelle précédente, je connaissais le film et malgré la description de King , j’imagine l’excellent Ian McKellen quand Dussander intervient. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle également. King aborde un sujet délicat de notre histoire mondiale mais aussi un thème qui revient souvent chez lui la corruption d’un esprit innocent par un mal pernicieux. Cependant, au fil de la lecture, on se demande si Todd est aussi innocent que ça. Son obsession pour les camps de concentration démarre avant sa rencontre avec Dussander et c’est lui qui le pousse à raconter ses souvenirs alors que celui-ci ne veut pas. Dussander et Todd entretiennent une relation parasite. Cependant, je trouve qu’il est difficile de dire qui a le plus corrompu l’autre. On sent bien dès le début que Todd n’est pas tout à fait un esprit aussi innocent que cela et que sa rencontre avec Dussander n’a fait qu’accélérer ou exacerber quelque chose qui était déjà sous-jacent chez lui. J’ai trouvé que par bien des aspects par ses actions et ses paroles, Todd était un personnage beaucoup plus dérangeant que Dussander. Il a grandi dans un cadre aimant, il est choyé, on ne trouve aucune excuse à ses actes. Ce récit est pour moi un des plus perturbant de King.

Le Corps : On suit le parcours de 4 garçons le long d’un chemin de fer à la recherche du corps d’un enfant qui a disparu. Cette histoire est un parcours initiatique pour ces 4 enfants qui passent de l’adolescence à l’âge adulte. Leur amitié et loyauté sont mises à l’épreuve. Le narrateur est  l’un des enfants  à l’âge adulte Gordon. Celui-ci est devenu écrivain. J’ai eu beaucoup de mal avec cette novella que j’ai trouvé très longue. L’histoire est entrecoupée de digression de Gordon et morceaux de ses histoires. De plus, j’ai trouvé que les descriptions étaient à rallonge. Cela ne m’a pas gêné dans d’autres romans de King comme Ça mais ici l’auteur m’a totalement perdue.  Je m’attends à retrouver un peu du club des ratés de Ça mais non. J’avoue avoir survolé la fin pour savoir s’ils ont atteint leur but mais j’ai du me motiver pour y arriver. Déception pour celle-ci.

La méthode respiratoire: Dans un club aux origines mystérieuses, les membres se racontent des histoires. Au moment de Noël, celle-ci doit contenir un partie de fantastique. Le médecin Emlyn McCarro s’y colle et nous raconte l’histoire d’une jeune femme enceinte et célibataire prête à tout pour avoir son bébé. Le médecin lui enseigne une méthode respiratoire qu’elle adopte rapidement et pratique tout le temps. J’ai beaucoup aimé cette novella, elle est la seule à avoir des éléments fantastiques dans le recueil. La narration est bien faite et on veut en savoir plus sur cet étrange club.  La narration fait beaucoup penser aux histoires que l’on se raconte au côté d’un feu de cheminée pour se faire peur et cela fonctionne bien . L’ambiance du club est bien décrite et ajoute du mystère à l’histoire 

EN BREF

Si on met de côté, la novella “Le corps” auquel je n’ai pas accroché, cela reste un excellent recueil de novellas. Stephen King nous prouve que bien que catalogué écrivain d’horreur, il sait écrire d’autres choses et le fait avec talent. 

Vous pouvez le retrouver ici : Leslibraires ; Eyrolles ; Cultura ; Bookeenstore

N’hésitez pas à écouter les podcasts “Le Roi Stephen” après votre lecture : Le Roi Stephen – Episode 9 – Les évadés/Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank | Le Roi Stephen –  Le Roi Stephen – Episode 10 – Un élève doué | Le Roi Stephen on acast – Le Roi Stephen – Episode 11 – Le Corps/Stand By Me | Le Roi Stephen on acast – Le Roi Stephen – Episode 12 – La méthode respiratoire | Le Roi Stephen on Acast